Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe lorsque nous traitons l’intelligence artificielle (IA) plus comme des humains que comme des outils technologiques ? Cette habitude, connue sous le nom d’anthropomorphisation, peut sembler innocente, mais elle cache des risques importants.
Lors d’une discussion récente, des experts d’universités renommées comme Stanford et Northwestern, aux côtés de professionnels de Microsoft, ont souligné les problèmes liés à l’utilisation de termes tels que « hallucinations » pour décrire les erreurs de l’IA. Ce type de langage est non seulement imprécis, mais il minimise également la gravité des défaillances qui, souvent, proviennent de données défectueuses. La suggestion est claire : nous devrions opter pour des termes plus directs et moins chargés, comme « erreur ».
De plus, en donnant à l’IA des caractéristiques humaines, nous risquons de perpétuer les biais et les inégalités existants dans notre société. Un rapport de l’UNESCO de 2019 a souligné que les noms et les voix féminins par défaut des assistants IA peuvent renforcer les stéréotypes de genre nuisibles, positionnant ces technologies davantage comme des subordonnées que comme des assistantes.
Enfin, cette approche peut nous amener à surestimer les capacités de l’IA, ce qui aboutit à un paradoxe de l’automatisation : nous faisons trop confiance à la technologie sans le contrôle adéquat, en espérant qu’elle gère des tâches pour lesquelles elle n’a pas été conçue. En attribuant des qualités humaines à l’IA, nous établissons inconsciemment des attentes irréalistes, ce qui entraîne des résultats décevants, voire dangereux.
Le Pouvoir Stratégique d’Humaniser l’IA
Humaniser l’intelligence artificielle peut sembler contradictoire, mais saviez-vous qu’il y a des avantages stratégiques à le faire de manière intentionnelle ? Bien que le chemin soit semé d’embûches, le faire correctement peut ouvrir la porte à de nouvelles formes d’interaction et de confiance dans la technologie.
Une étude a révélé que lorsque les gens perçoivent un véhicule autonome avec des qualités humaines liées à la compétence et à la fiabilité, comme être « intelligent » ou « capable », leur confiance et leur disposition à l’utiliser augmentent considérablement. Cependant, penser au véhicule en termes interpersonnels, comme être « amical » ou « affectueux », n’a pas eu le même effet positif.
Dans le monde des affaires, certaines entreprises ont choisi d’éviter le terme « intelligence artificielle » en raison de sa connotation d’artificialité. Elles préfèrent des termes tels que « intelligence augmentée » ou « intelligence amplifiée », qui suggèrent que l’IA est une extension des capacités humaines, et non un substitut. Cette redéfinition subtile mais puissante, accompagnée d’une gestion du changement bien pensée, s’est avérée très bénéfique en termes d’adoption et de confiance.
Que doivent savoir les leaders sur l’anthropomorphisation de l’IA ? Choisir ses mots avec soin est crucial. Au lieu de présenter l’IA comme un remplacement des travailleurs humains, il est plus efficace de souligner son rôle de complément ou de collaborateur. Mettre en avant des attributs tels que la fiabilité, l’intelligence et la précision peut aider les équipes à voir l’IA comme un outil précieux et non comme une menace. De plus, maintenir une transparence totale sur les capacités et les limites de la technologie peut mieux préparer tout le monde à son utilisation efficace.
L’humanisation de l’IA n’est pas qu’un jeu de mots ; c’est un outil puissant qui, s’il est géré avec prudence, peut améliorer considérablement la façon dont nous interagissons avec cette technologie émergente.
